lunedì 18 dicembre 2023

c'est quoi ce jeu ?

18 déc. - Nogent

Je reli le dernier texte que j'avais écrit pour Alaïa.

Il y a des choses qui ont changé depuis.

Elle m'a invité au Pays Basques, d'où elle est originaire et où sa maman a encore une maison. Plus précisément à Urrugne, proche de Saint Jean de Luz, à la frontière avec l'Espagne.

Avec nous il y avait aussi l'Ourson, la Sorcière et sa coloc. Je n'ai pas compris pourquoi elle m'ait invité, je ne suis pas son ami, je ne suis pas son amoureux. Je suis son amant, pourquoi elle me présente sa mère ?

Je crois juste qu'on ne fonctionne pas de la même manière.

Nous allons ensemble faire des randonnées, on marche pendant des heures sur les collines à côté, il y a plein d'animaux sauvages qui nous regardent et parfois on se doit de faire attention pour ne pas qu'ils nous attaquent. J'aime ce paysage, j'aime le clima, tout est très verdoyant.

Une fois on arrive jusqu'en Espagne en marchant deux heures, sous le déluge, en allant chercher des cigarettes (moins chères qu'en France) pour Héloïse.

En marchant dans les petits sentiers de montagne j'ai l'impression d'être un révolutionnaire, un frontalier qui se cache des ennemis en cherchant des provisions pour mon pays.

Mais je vois qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde, c'est comme si on avait 15 ans et qu'on ne savait pas trop ce que ça voulait dire être ensemble. En même temps elle n'a que 22 ans, je me demande comment j'était il y a 8 ans, peut être pareil. Je repense à quand je voyais Laura, on se baladais de manière similaire.

À Urrugne, j'y ai passé 3 ou 4 jours, le soir j'aurais vraiment voulu dormir avec elle, mais cela n'a pas été le cas. Elle n'était pas bien et elle a préféré dormir toute seule. Plus de questions qui se rajoutent à la liste.

En rentrant, dans le train, je lui écris qu'il faut qu'on parle de la dynamique entre nous deux.

Les jours passent, et finalement on arrive à trouver le temps d'en parler quand je suis en Tunisie, en début août. Elle me dit que je suis un amant pour elle, et que la période est très chargée émotionnellement et mentalement parlant et que donc elle n'arrive pas à tout bien gérer. Il faut qu'elle se focalise sur Léo, avec qui va partir en Palestine.

C'est bon, j'en ai marre. Je ne comprends pas du tout, c'est quoi ce jeu auquel elle joue ?

Peut être pas un jeu pour elle, mais moi j'ai besoin d'avoir un cadre, un minimum, pour savoir comment organiser ma tête et mon coeur. Et visiblement ici il n'y en a aucun.

mercoledì 10 maggio 2023

5e étage, tango furioso

5e étage, Porte de la Chapelle, j’écoute du tango “furioso”, apparemment c’est le rythme de la musique. Je n'y connais rien, mais plus je l’écoute, plus je la regarde, plus je la trouve jolie et plus je me sens bien. On est dans un couloir, 5 étages, à 45 minutes de route en scooter de chez moi. Il est 23h13, elle étudie pour ses examens, la musique en effet a un rythme qu’on pourrait dire furieux, ça rentre direct dans la chair, j’adore.

Entre temps j’écris, c’est inspirant, son pied bat le temps, dans ses chaussures qui sont simple à mettre, qu’elle a depuis le collège, et son pull pour quand elle ne se trouve pas belle ou confortable. Mais qu’au moins est chaud.

Je suis captivé par la musique, même si elle s’entraîne c’est très agréable à écouter, je n’ai presque plus envie d’écrire, de temps en temps je ferme les yeux et j’écris sans regarder le clavier. Je regarde ses mains, à certains moments elle prononce des mots, elle vient de me regarder, et je souris.

Je pense beaucoup à ce qu’elle peut avoir en tête, la bouche semi ouverte, elle regarde la succession des notes sur sa partition, le regard concentré. J’aime énormément les cheveux qui lui tombent sur son front, en lui caressant les joues et le nez. C’est une des choses que je préfère.

5 étage, dans un couloir d’un immeuble à Porte de la Chapelle, j’écoute une jeune jouer du tango, et je pense que je suis un peu amoureux d’elle.

Je cherche à comprendre, comme il y a une semaine, je ne sais pas ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, elle ne me parle pas de ses émotions, sauf à certains moments. Hermétique, je cherche à déceler les symboles, les non dits, des petits gestes, des regards. C’est peut être ça qui m’intrigue, le fait de ne pas savoir.

5 étages, le couloir est surtout rouge. Elle a les mêmes boucles d’oreilles que dans une photo qu’elle m’a envoyée il y a un petit moment.

C’est dur de traduire la musique en mots, ce sont surtout des sons aiguës, qui entrent dans la poitrine comme des couteaux chauds. Ce n'était pas le terme que j’aurais vraiment voulu utiliser, mais c’est très dur de trouver une similitude concrète à la sensation que cela me fait éprouver.

Ce sont des sons aiguës, une partie de lumière dans le couloir s’est éteinte, on reste comme dans un concert, illuminés dans une petite partie de l’espace. Je me demande si les voisins des autres étages entendent quelque chose. Apparemment elle étudie ici depuis un an, donc j’imagine que tout se passe bien.

Je me demande aussi si je ne suis pas en train de projeter mes envies sur elle, le fait d’être avec quelqu’un à qui je plais, dans ma tête ça veut forcément dire qu’on est amoureux. Alors qu’on peut avoir un rapport hybride, entre une amitié et une relation amoureuse. Je me pose la question, la limite est tellement floue. Là c’est juste que je ne vois pas de sa part des rapprochements, sauf des petits gestes qu’elle peut avoir, comme le fait de me caresser les hanches quelques secondes après que j’ai franchi la porte de son appart.

Je recherche des petites choses comme ça, des petites attentions qui pourraient révéler des sentiments. J’observe, qu’est-ce qu’elle cherche ? Qu’est-ce qu’elle veut de moi ?

Je suis fasciné par cette personne, qui joue de la musique pratiquement tous les jours de sa vie.

Même si je me demande ce qu’elle cherche, je reste en observation, à l’écoute, littéralement. Il est 23h38, elle s’entraîne et je suis fasciné par sa discipline. La musique continue, j’écoute un peu moins pour me concentrer sur mes sensations, mes émotions, mon ressenti. Ai-je vraiment envie d’être avec quelqu’un qui ne me communique pas ce qu’elle ressent ? Laura me revient à l’esprit, elle aussi était au conservatoire, pour de la guitare pour le coup, elle n’allait pas bien du tout, surtout dans la période où on s’était connus. Notre histoire ne s’était pas bien passée, on s’était fait du mal, surtout moi. Je m’étais fait beaucoup de mal. Donc là je me pose la question, il y aura un moment où on sera tous les deux pour parler de ce qu’on a à l’intérieur ? Pour extérioriser nos sensations et sentiments ? Je me demande si j’ai envie d’être avec quelqu’un juste pour coucher avec, pour passer des moments de câlins. Je disais il y a un mois que si cela n'avait pas changé je me serais saoulé, je sens que ça se rapproche, je ne sais pas trop comment me rapporter avec les gens avec qui je ne sais pas ce qu’ils pensent. Surtout s’il y a des situations potentiellement amoureuses en jeu. Je commence à être gauche, maladroit, à ne pas savoir quoi faire, et je reste sans rien faire, rien dire. Paradoxalement je suis plus à l’aise quand il y a d’autres personnes autour, et qu’on n’est pas tous les deux. Je suis curieux de voir comment on va avancer, elle me dira ce qu’elle pense, un jour ?

Je me demande surtout ce qu’elle trouve en moi, juste une personne jolie avec qui faire l’amour ? Quelqu’un d’intéressant aussi ? Je n’en sais rien.

Je ne sais pas si ce soir lui dire que je suis un peu amoureux d’elle ou pas, en même temps je ne veux pas non plus perdre ce qu’on a en ce moment, ça fait qu’un mois qu’on relationne ensemble, c’est pas énorme. Elle me disait que ça lui avait pris 5 mois environ pour que sa relation principale commence à lui plaire. Mais dans quel sens ? Physique ? Romantique ? J’ignore cela aussi.

5 étage, couloir rouge, 23h49, une jeune femme qui joue de l’accordéon, moi assis par terre, dos contre le mur, qui tape des mots dans un ordinateur.

Une jeune femme avec des cheveux superbes, silencieuse, timide, qui joue avec de la passion dans ses mains et dans ses yeux. Qui se cache derrière des rigolades, des blagues douteuses.

Je regarde ses mains jouer avec aisance, elle me dit que pour bien étudier elle devrait faire au moins 1h par morceau, que normalement elle se chronomètre, que c’est incroyable, je lui dis que ce qui est incroyable c’est qu’elle ne se lasse pas. Mais en même temps ça me fait penser aux arts martiaux, à tous les détails à voir dans chaque technique et surtout dans chaque forme, le travail ne se termine jamais. Je prends du recul, je me remets dans mes bottes, je suis bien, peu importe ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent. Enfin, si, c’est important, mais cela ne fait pas mon bonheur. Je lui demanderai comment elle se sent par rapport à nous deux, juste pour faire un point d’avancement. Et je m’adapterai en conséquence. En adaptant aussi mes comportements, et si vraiment je sens qu’il y a des trucs qui ne vont pas il y a toujours le temps de prendre encore plus de recul et faire des pas en arrière, ce ne serait pas la première fois.

5 étages, de la musique du 17e siècle qui sort de ses mains, ses mains agiles qui domptent 15kg d’accordéon. Qui lui font faire ce qu’elle veut (ou presque).

Je sais que je fonctionne par petites attentions, des regards, du temps passé ensemble, des chocolats (quand on peut), des cookies (vegans dans ce cas), du produit anti-cafards. Vu que je ne sais pas si je peux toucher le corps des autres, je préfère créer des connexions différentes, même si j’adore le toucher, j’adore quand les gens (que j’aime bien) me touchent. Ça me fait chaud au corps et au cœur.

Pendant que je l’écoute s’entraîner, j’écris et ça me fait du bien. Je me rends compte que j’ai un petit syndrome du super héros, je ne suis pas fatigué, je peux tout faire, si c’est pour quelqu’un d’autre, surtout quelqu’un que j’aime bien. Surtout quelqu’un que j’ai envie de séduire. Je viens d’écrire un truc, mais j’ai effacé, parce que ce n’était pas vrai. Je n’aide pas les gens car comme ça je pense qu’elles m’aimeront en retour. Mais plutôt pour le bonheur d’aider, l’acte en lui-même me fait du bien. Le fait de pouvoir extérioriser l’amour que j’ai dans tout mon être, me fait du bien.

Même si ça veut dire être au 5e étage d’un immeuble à Porte de la Chapelle, à 45 minutes de scooter de chez moi, à 00h08, assis par terre, juste pour passer du temps avec quelqu’un qui étudie de la musique.

Et j’attends, comme avec un petit chat errant.

mercoledì 3 maggio 2023

Coeur d'artichaut

 J’attendais Audrey, aux Galants à Châtelet, rue Saint Denis. Assis en terrasse, j’avais commandé un cocktail sans alcool et je lisais l’Alchimiste. J’étais encore au tout début, même pas page 50, quand on commence à parler de signes et le voyage de Santiago vers les Pyramides d’Égypte est à son commencement.

Quelqu’un se rapproche de moi, un garçon qui doit avoir entre 20 et 27 ans, difficile à jauger.

“Salut, est-ce que je peux t’exposer une thématique et avoir ton avis la dessus ? Je parle en ce moment avec des inconnus et je cherche à savoir ce qu’ils pensent d’un sujet.”

Je le regarde, il n’a pas l’air méchant, il a un appareil photo à la main. Il a l’air gentil et vraiment en cherche juste d’un échange. Je me demande s’il n’est pas journaliste, pour un média en style Brut.

“Bien sûr, avec plaisir” je réponds.

“Enchanté, moi c’est Justin”

Je lui propose de s'asseoir, il commande une demi-pinte de blonde, le serveur lui dit qu’il n’y a que 50 centimes de différence entre la pinte et le demi. Mais il refuse et il préfère boire moins.

Je l’observe, je me demande quand même s’il n’y a pas une arnaque, s’il n’y a pas quelqu’un derrière moi qui est en train de fouiller dans ma veste. Toutes mes affaires sont dans mes poches et mon sac de travail avec ordi est à mes pieds. À priori je crains rien. Mais je reste vigilant, tout en l’écoutant attentivement.

Il me raconte qu’il vient de se séparer de sa copine, avec laquelle il était depuis ses 16/17 ans, et que ça faisait au moins 5/6 ans qu’iels étaient ensemble (si je ne me trompe pas). Il doit avoir donc 22 ans, environ. Il m’explique que c’est elle qui l’a quitté, en lui disant que c’était juste parce qu’iels ont beaucoup changé, pas par manque d’amour. Il a passé une petite période de merde suite à cet évènement et ensuite il s’est forcé de passer à autre chose. Maintenant ça fait deux semaines qu’il parle avec une fille sur une appli de rencontre et il ne sait pas trop quoi faire parce que c’est toujours lui qui commence les discussions, qu’au début il s’était inscrit juste pour passer du temps avec quelqu’un mais que pour cette fille il ressent une vraie attirance et il aurait envie de la connaître plus, pas que pour du sexe.

“Mon problème est que je m’attache très vite, et je ne sais pas trop comment m’y prendre.”

Il est conscient du fait que son modèle de relation sont ses parents, qui se sont connus à leurs 17 ans et sont toujours ensemble, ils s’aiment encore beaucoup.

Je lui pose quelques questions, par rapport à ses envies, ses attentes, s’il prend du temps pour penser à lui-même.

J’aime bien parler avec les gens, et là j’adore que quelqu’un se soit rapproché de moi de manière random juste pour me parler d’un souci amoureux.

Je commence par lui raconter la fin de la relation que j’avais eu avec Sofia, de comment je m’étais ressenti après et du début de la relation avec Hélo. Je lui parle aussi du polyamour et de comment cela m’a aidé à penser plus à moi-même et en même temps au bien-être des autres. Je lui parle aussi de ma relation avec Alaïa, de comment moi aussi j’ai tendance à m’attacher vite, de manière impulsive et un peu yolo, et de comment en ce moment je prends du recul sur les choses pour préserver tout le monde.

“Mais du coup, j’ai demandé aussi un avis à des collègues et à des amis proches. Comme ça j’ai des points de vue différents, des personnes qui me connaissent moins, d’autres qui me connaissent depuis toute ma vie et des inconnus comme toi. Il y a eu des gens qui m’ont dit que si j’avais envie de lui écrire je devais juste le faire, d’autres, à l’inverse, m’ont conseillé de me faire désirer pour que ce soit elle à revenir vers moi. L’autre jour je lui avait proposé qu’on se voit pour un café, elle m’a dit qu’elle serait disponible à partir du 9, parce qu’elle a une semaine assez chargée. Moi je me rends compte que je pense souvent à elle, et comme les soirs je suis libre j’aurais vraiment envie de la voir.”

“Alors, je comprends cette histoire de se-faire-désirer, c’est vrai que c’est un fonctionnement humain qui marche. Par contre je trouve que c’est un mythe, pour moi ce qui est important est que tu soit transparent avec elle, et que tu lui laisse aussi prendre son temps. Pas pour te faire désirer volontairement, mais pour l’écouter et être clair sur tes attentes et envies.”

Il me pose aussi des questions sur le polyamour, des questions pas bêtes, il est vraiment curieux, même si ce ne serait pas quelque chose pour lui. Il me demande par exemple si mes relations ont toutes les mêmes caractéristiques ou si chaque relation est différente et m’apporte quelque chose de complémentaire. Il me dit aussi qu’il a toujours eu un cœur d’artichaut, qu’il a toujours été amoureux.

Je lui partage comment je me ressens par rapport à mes relations, à ce qu’elle m’apportent en tant qu’être humain et ce que j’apporte moi. Où sont les compromis, les ententes, les différences et les similitudes.

Audrey fini par arriver, elle pensait au début que c’était un collègue à moi. Je lui résume la situation, et continue de parler.

J’insiste sur la communication, sur le fait d’identifier ses besoins et de les expliquer le plus clairement à l’autre personne. D’attendre en effet peut être quelque jour, avant de la relancer, juste pour lui laisser du temps et aussi pour réfléchir un peu à comment il se ressent. Ensuite il pourrait être transparent, lui dire qu’il l’aime bien et qu’il aurait envie de la connaître plus, sans se lancer dans des trucs qui pourraient mettre de la pression.

Audrey pose des questions plus techniques, s’ils se sont déjà vus, s’ils ont déjà parlé au téléphone.

On lui dit le métier qu’on fait, et qu’on est habitué à poser beaucoup de questions. Lui il nous explique qu’il est dans le jeu vidéo et que dans ses études il y avait un petit module sur l’UX. On reprend la conversation et je commence avec mes métaphores, je lui dit aussi de garder le cœur chaud et la tête froide, que tout est un équilibre entre la discipline et le lâcher prise, et c’est là qu’il y a le flow. On continue comme ça un petit moment, je ne sais pas trop combien de temps on est restés à parler. Je lui parle aussi des cafés poly, si jamais il a envie de discuter de relations.

Après, comme il est arrivé, il est reparti, en nous remerciant pour cet échange qui lui a fait du bien.

Fluidité relationnelles et câlins, caresses et amour

 J’ai bien fait d’aller à Nantes, au final.

De retour à Paris, ce fin de semaine m’a fait du bien. J’ai réalisé pour la première fois qu’en effet j’habite ici, et que tous les voyages que je ferais en futur serons pour revenir à cette maison. Je ne suis plus un touriste, cela devient mon oasis.

Un fin de semaine complètement hippie, avec des plains douteux qui se terminent bien, avec cette sensation d’être dans un flux qui sécurise. Au moins, qui me sécurise. Je ne savais même pas si on aurait dormi ensemble, vu qu’à Nantes il y avait Elia, son amant. Je ne savais même pas j’aurais dormi. Au final nous sommes restés ensemble les deux nuits, pour des moments de tendresse, d’amour. Et c’est bien cette fluidité dans mes relations que j’aime, qui me fait sentir bien et apaisé. Les personnes ne nous appartiennent pas, ce sont des êtres à part entière, avec leurs besoins, leurs habitudes. Comme j’avais écrit il y a 10 ans, quand deux voyageureuse se rencontrent, tu peux les voir danser au rythme de l’univers.

C’est ça qu’on fait, on danse, on a vraiment dansé d’ailleurs, lors de la soirée de dimanche. Même si la techno ce n’est pas le genre de musique que j’aime le plus, ça m’a permis de me défouler. Je l’ai vue tellement belle, tellement heureuse, ça fait du bien. Elle avait l’air libre, insouciante des personnes autour. Qu’est-ce que j’aime les personnes comme ça.

Je viens de gratter peut être aussi quelque chose de relatif à mes modèles relationnels. Je me suis toujours demandé pourquoi j’ai du mal à me faire des amis proches, pourquoi j’ai toujours eu des connaissances (qui m’aiment bien et avec lesquelles je partage beaucoup de choses, hein) avec qui je n’ai jamais su créer un lien très profond d’amitié, sans tomber amoureux. Je remets en question le concept de relation amoureuse et d’amitié, je me rend compte que je suis plutôt dans une fluidité relationnelle qui fait que du moment où je crée un lien profond avec quelqu’un, je tombe presque inévitablement amoureux. Sauf des exceptions, j’imagine, et en vrai je ne saurais même pas citer quelqu’un que soit une exception dans ce sens là. La notion de relation sexuelle aussi est remise en cause, pour moi ce ne serait pas bizarre de coucher avec des amis, des potes. C’est peut être parce que je communique beaucoup avec mon corps, je n’ai pas encore la réponse à cette réflexion, et en vrai je ne sais même pas s’il en faut une, de réponse.

Par rapport à Alaïa, je ne me trompais pas quand j’écrivais qu’il y avait un joli paysage à voir avec elle, et peu importe le temps qu’on relationnera ensemble, on aura fait une belle balade tous les deux. J’aime sa manière de se comporter, en prenant soin des autres et en laissant les opportunités se présenter, en les accueillant quand elle sent qu’elles sont faites pour elle. Et en sachant dire non quand il s’agit de quelque chose qu’elle n’a pas envie d’expérimenter. J’ai envie de passer du temps avec elle, quand l’occasion se présentera, de passer des nuits avec elle, des nuits de câlins, de caresses et d’amour. 

Extérioriser

12h49 Nantes

Réfugié dans un Starbucks, en attendant ma réunion, je repense à hier soir.

Elle me cherche, ça me fait plaisir, néanmoins elle ne communique pas vraiment sur comment elle se sent, sur ses émotions.

Nous avons dormi ensemble, chez Léo “L’Ourson”.

Nous avons fait l’amour. Je me suis laissé aller plus cette fois.

J’avais vraiment envie d’elle. De lui caresser le visage avec le mien, de toucher sa peau avec ma peau.

J’ignore ses émotions. Ce matin je suis resté dans le lit et elle est partie travailler chez Elia, son autre amant.

Je me demande si lui il va bien, si tout ça lui convient.

Apparemment oui. Donc, je vis le moment présent, en explorant le monde et les personnes.

J’ai passé beaucoup de temps avec Léïla, ce matin, nous nous sommes promenés et n’avons pas arrêté de parler une seule seconde. Petit crush de ma part, je crois, comme pour Mathilda. Toutes les deux sont très jolies, gentilles et super intéressantes. Mais trop petites, je pense. Je ne connais pas leur âge, mais je ne veux même pas demander.

Après qu’Alaïa m’ait raconté d’avoir couché avec Shaul, de 15 ans plus qu’elle, ça m’a fait trop bizarre.

Bon, je vais à ma réunion.

Hasard, chance

 17h13, Nantes

Sophie, Amandine et Zhara. Mes 3 compagnes de voyage pour ce weekend à Nantes.

Au final j’y suis, j’en avais tellement envie que j’ai décidé de partir.

Ça me fait penser au voyage à Rome que j’avait fait en septembre 2014, pour rencontrer Sofia. Toujours en BlaBlaCar, mais cette fois je me laisse conduire par Sophie, journaliste pour l’Echo.

Amandine a 22 ans, elle fait du théâtre, originaire de Nantes, elle était à Paris pour une audition qui s’est bien passée. Elle ne parle pas beaucoup.

Zhara, pour le coup, n’arrête pas de parler. De son travail, elle a 59 ans et est styliste, du Maroc, des riads, de voyage. De temps en temps elle dit “c’est vrai hein”, et “c’est important hein”.

Elle parle du fait qu’il faut s’écouter, être attentifs aux choses qui viennent de l’intérieur de nous-mêmes.

Que le hasard n’existe pas.

Hasard en arabe veut dire “chance”, apparemment.

Je l’aime bien.

De mon côté, je n’ai pas d’attentes sur ce voyage.

Bien sûr, je pense à Alaïa. Bien sûr, j’aurais envie de passer du temps avec elle, toustes les deux.

Mais je ne pense pas que cela va se produire.

Léo est là aussi, ainsi qu’un autre amant à elle.

Je suis donc en mode observation, je me laisse guider par les évènements et je regarde le paysage. Pour une fois, je me laisse conduire.

En même temps, il n’y a pas autre chose à faire.

Je ne sais pas ce qu’elle attends e moi, si elle a des peurs, des inquiétudes, des attentes.

De mon côté j’aimerais bien passer du temps de qualité avec elle, le spectacle de ce soir va être bien.


18h44

Je viens de m’installer dans un restaurant pour manger quelque chose après m’être baladé dans le centre ville.

Je suis au comptoir d’un ramen.

Ce qu’elle a dans sa tête, je l’ignore. Alaïa ne me parle pas de ce qu’elle ressent depuis la deuxième fois qu’on a couché ensemble. Je me demande vraiment ce qu’elle envisage pour nous deux, ses envies.

Très probablement elle ne veut rien d’autre que des rencards, savoir m’aiderait bien à comprendre comment organiser mes émotions.

Ceci dit, je pars du principe qu’elle ne veut rien et qu’à chaque fois qu’on se voit tout est nouveau, comme (presque) si on se oyait pour la première fois et on n’avait pas passé des nuits ensemble.

Elle m’a dit qu’elle me diras sur le moment, si elle a envie de contact physique avec moi ou pas.

On verra, je reste à l’écoute.

Elle vient de m’écrire qu’elle veut bien qu’on se rejoigne. Je l’attends, comme j’attends encore mes gyozas.

Je me retrouve à penser à elle, c’est une belle sensation, j’apprécie beaucoup cette fluidité dans ce rapport.

Même si je ne connais pas ce qu’elle pense, ce n’est pas si grave que ça, je profite de la situation pour chercher les aventures, découvrir des lieux que je n’aurais pas visité, rencontrer des personnes que je n’aurais pas rencontré.

Allez, les gyozas sont arrivés.

martedì 2 maggio 2023

Alaïa

 25 avril 2023

Alaïa (je vais commencer à l’appeler par son prénom, ça me soule de lui donner un nom de moto) commence à rentrer de plus en plus dans mes cellules. Je ne l’avais pas prévu. Je commence à me demander comment elle va, à attendre des messages de sa part, à me soucier des réactions qu’elle peut avoir à mes phrases. Je crois que je commence à tomber amoureux, même si je me demande ce que cela veut vraiment dire. Peut-on être amoureux de nos amis ? De nos connaissants ? Sans vouloir construire quelque chose à long terme ?

Comment ça marche tout ça ? À 30 ans, je l’ignore encore.

Ce que je sais, c’est qu’il faut que je me protège, je ne peux pas m’attacher à quelqu’un comme ça. Même si je vis moment par moment, sans des vraies attentes, il y a des dynamiques qui se mettent en place. Et je sais qu’elle n’est pas amoureuse de moi. Elle m’a dit que pour le moment elle est toujours tombée amoureuse de personnes cis, même si elle est attirée et désire des personnes transmasc ou non-binaires.

Je ne peux pas m’empêcher de penser à elle, comme je lui disais ce matin, je me sens accepté et compris pour la personne que je suis, sans que cela fasse écho à des cis-patterns et que cela crée des frustrations dans l’autre personne.

Par contre elle n’est pas amoureuse de moi, elle a aussi d’autres amants (je ne connais pas le nombre exact, pour l’instant je sais qu’il y a Léo et un autre homme), on se connait depuis presque deux mois, c’est tôt. J’ai la mauvaise tendance à m’attacher vite, à tomber amoureux des belles personnes, je n’y peux rien. C’est comme ça. Je ressens la sensation d’une petite pression derrière le sternum, le coeur qui bat plus vite, la respiration qui se coupe à des moments, la chaleur dans mon corps. Mais je me rends compte que cela se produit que de mon côté. Oui, elle m’aime bien, elle me l’a dit, elle se trouve bien avec moi et elle est heureuse. Mais elle veut aussi qu’on y aille doucement, pour le bien-être de tout le monde.

Je comprends totalement et je suis aussi d’accord, mais c’est dur de se retenir.

Si on fait le parallèle avec le moto, c’est un peu comme le rodage, les premiers 500km il faut les faire moins vite, pour éviter que la moto même s’abime. Là c’est un peu pareil. Mais c’est vrai que ce n’est pas mon fonctionnement habituel.

Pour Laura j’avais fait 4 heures d’autoroute pour la retrouver à un moment où elle en avait besoin. Pour Sofia j’étais parti à Rome, en en faisant 6 d’heures de route, sans savoir si je l’aurais vue.

Je fonctionne par l’impulsivité de mon coeur. Je veux faire quelque chose, je la fais.

Mais là je ne suis pas seul, j’ai des responsabilités. La personne que j’aime est là et je ne peux pas faire des trucs au hasard juste parce que j’en ai envie. Je pense aussi que cela me permet de prendre plus en compte mes besoins, paradoxalement, d’y réfléchir davantage.

Mais qu’est-ce que j’aurais envie d’être avec elle en ce moment, de la serrer fort dans mes bras, de caresser sa peau.